« Monsieur Ivanovitch, voilà quatre séances que nous passons ensemble sans que vous ne vouliez dire quoique ce soit à votre sujet. J'ai jusqu'ici été très patiente (veuillez éteindre cette cigarette... merci) je disais donc, j'ai fait preuve d'une patience exemplaire mais si vous ne désirez pas réellement suivre une thérapie je vous engage donc à mettre un terme à notre collaboration! »
« Et vous priver de la sommes astronomique que me coûte chaque visite? Vous me faites de la peine Dc Berry... »
« Écoutez, je suis ici pour aider les personnes qui en expriment le besoin... je ne suis pas ici, par contre, pour perdre notre temps à tous les deux! Donc soit nous commençons à doucement égratigner cette carapace de suffisance que vous affichez, soit je vous proposerai d'aller voir d'autre confrères! »
« Très bien, vous avez gagné... je ne peux rien refuser à une si charmante femme! »
(soupire) « Très bien... commençons voulez-vous? Parlez moi de votre famille, c'est un bon début »
« Mes parents sont mort il y a cela des années... je dois avoir une sœur quelque part, si elle est toujours en vie! »
« Morts? Comment? »
« De folie, de stupidité... d'absence de volonté! La mort était plus une délivrance! Mon père était un ancien champion d'haltérophilie et comme tous es abrutis de sportifs il a fini par gravement se blesser. La suite est d'une affligeante banalité: La douleur est insupportable, il prend des médicaments, en consomme encore plus, délaisse sa femme et ses enfants, bats tout le monde pour compenser son vide intérieur et fini, un soir de noël, par tuer ma mère pour ensuite retourner l'arme contre lui-même »
« Oh.. je vois.. je suis sincèrement navrée... »
(rire spontané) « C'est parce que vous n'avez rien vécu de cela! Mon géniteur nous entrainait dans sa chute, ma génitrice, elle, ne pouvait le laisser s'en aller seul! Ce fut une bonne chose, j'ai rapidement été confronté à la dur réalité de la vie et son caractère éphémère. Un membre de la famille s'est emparé de ma sœur, l'éloignant de moi, et je fus placé dans les institutions adéquats pour nouveaux orphelins. »
« Jamais revue cette sœur? Vous n'en parlez qu'à peine! »
« Je ne l'ai pas réellement connu... je crois avoir de bon souvenir avec elle... d'ailleurs ils doivent être les seuls bons souvenir que je possède tout court! Elle représente une sorte de havre dans ma vie, d'eden que je n'ai pas souillé... (réalise ce que je raconte) enfin tout cela pour dire que non, plus de nouvelles... mais si elle est de mon sang, elle doit être une battante! »
« Parlez-moi de la suite... votre enfance... »
« Placé à l'orphelinat de Rodnichek dans la région de Tver... c'est un peu comme une prison pour jeunes garçons qui ont eu le culot de survivre à la mort de leur parents (rire mesquin) Il y avait la le grand Alexeï Seminoff! Une sorte de monstre de deux mètre de haut tout droit sorti d'un rêve d'un fantasme nazi! Il aurait pu faire passer les crises de manque de mon père pour des WE pique-nique en famille. Je ne regrette pas ces années, j'ai pu apprendre à me défendre, à contre attaquer, à anticiper les coups et, finalement, à prendre le dessus. Au bout de quelques années à jongler entre ce pénitencier et mes études, j'ai réussi à avoir assez de papier, argent et de volonté en poche pour claquer la porte à cet enfer. Enfin... non sans être aller présenter mes hommages à Alexeï... lui laissant un souvenir impérissable de moi! » (sourire carnassier)
« Donc une adolescence sous le règne de la violence! »
« Dite ainsi cette phrase donne une fausse impression de calvaire. Ces années m'ont forgé, elles m'ont appris à calibrer ma vie, mes attentes, mes projets. On peut passer son existence à subir les coups ou bien se réveiller et décider d'en donner! Être un clou ou être le marteau? Se retrouver dans les fils du destin ou bien les tisser soi-même? J'ai découvert la bas ce que ni ma mère ni mon père n'auraient eu la force de m'apprendre! Une enfance heureuse rend moue, lâche, faible! Je ne suis rien de cela! La vie ne m'a pas fait de cadeau je n'en fais pas non plus! Regardez-moi docteur... pensez-vous que j'ai échoué? Que je sois un faible qui a peur de la réussite? Je suis tellement à mon aise que je me permet de payer un prix exorbitant une femme pour avoir le plaisir de voir ses jambes (qui sont simplement superbes) »
« ... hmm... ne... ne nous égarons pas monsieur Ivanovitch »
« Egarons-nous plutôt! Vous voulez savoir quoi? Que puis-je encore raconter? »
« ... et... et bien... vous pourriez aller vous rassoir déjà... et me parler... enfin... me raconter la suite qu'en dites-vous? »
« La proximité vous met mal à l'aise? Très bien! Il y a une chose que ces années ne m'ont pas permises de goûter: les plaisirs de la chair! Lorsque je suis sorti ce fut ma première envie! Je me souviens, Tabata, une prostitué de mon âge, encore toute tremblante, une petite fleure qui s'essayait à la rue. Mon premier émoi! J'ai vidé mes économies dans nos nuits, je voulais tout apprendre, tout savoir et la posséder! Je vivais de vol et d'agression, prenant de quoi manger et rejoindre mon podsolnoukh, mon tournesol! Sur la fin elle ne voulait plus de mon argent, elle parlait souvent d'aller en France et se demandait si cela m'intéressait... en effet, mais pas avec elle! Je l'ai laissée la bas, je crois qu'elle était tombée amoureuse, chose improbable pour moi! Son idée restait quand même intéressante et j'ai suivi un envoie de pute jusqu'à Pigale »
« Vous n'éprouviez donc aucun sentiment pour cette pauvre fille? » (vous pouvez arrêter avec votre main?)
« Non... aucun... pourtant je devais avoir de l'affection je crois. J'ai trouvé énormément de tendresse dans ses étreintes et je ne m'en lassais jamais et j'étais demandeur, très demandeur. En fait je crois que je n'étais jamais rassasié! Toujours affamé (vous avez vraiment la peau douce Docteur) ... elle ne le savait pas mais j'en allais voir d'autre aussi... parfois, par moment... pour découvrir d'autres saveurs. Le sexe n'est pas de l'amour et finalement n'a que peu de lien! C'est un amalgame, ce n'est qu'un échange, un partage des sens... du toucher, du goût, de l'odorat, de la vue et de l'ouïe... c'est l'exaltation suprême et un délice qui n'a pas son pareil »
« ... je.... hmf.... »
« Par la suite j'ai débarqué sur Paris... une rencontre amusante a marqué ma vie! Deux hommes qui désirent la même fille, ils en discutent, négocient, s'amusent de ce jeu pour voir la fille finalement leur proposer de finir d'en parler à trois dans une chambre. On apprend beaucoup sur une personne à le voir s'envoyer en l'air et étrangement on a pris goût à notre collaboration! Nous nous savions aussi affamé l'un que l'autre de femmes, deux personnes aux personnalités intenses... et il avait besoin de quelqu'un de plus dur... sans compter mes relations avec les femmes de l'est! »
« ..... Sergueï... que faites... que... oh Sergueïe.... oh.... ooooooh »
« Vous aviez raison Docteur, parfois il faut se lâcher, raconter ce qu'on a sur le cœur et le partager. Vous êtes une excellente psychologue... vous allez m'aider à assumer cette faim perpétuelle »